Les clichés de films/TV/fiction qui vous énervent

Quels sont les éléments récurrents de films, schémas narratifs, situations que vous voyez des tas de fois au cinéma, télé (voire la fiction de manière générale) dont vous en avez marre? Qui vous fait dire "Quoi, encore? Mais y en a marre! J'y crois plus, moi!" ?

- Des ennemis menaçants attaquent en volant. Il faut être drôle! Alors qu'est-ce qu'on fait? On place la musique de La Marche des Valkyries! Trop drôôôle car ça fait référence à Apocalypse Now!!
Des bonshommes flottent grâcieusement dans l'air. Il faut être drôle! Alors qu'est-ce qu'on fait? On place la musique du Beau Danube Bleu! Trop drôôôle car ça rappelle les ballets!
Encore mieux quand ça arrive dans le même film en quelques minutes...

- Un tireur à l'arc est mégafort. Mais un autre tireur a déjà tiré sa flèche dans le mille. Impossible de faire mieux!
Alors comment est-ce que le tireur mégafort va faire pour surpasser? Cépapossiiiiib.
Et bien, le tireur mégafort tire sa flèche qui... découpe en deux la flèche du concurrent! Plus dans le mille que l'autre! Wouaaaaah.

- "Je te donne un conseil: ne fais confiance à personne."
Plus tard, le donneur de conseil se révèle être un traître.
"Je t'avais dit de ne faire confiance à personne!"
Quand on te la fait encore en 2018, on bâille.

- On est aux trois-quarts du film. Le héros DOIT se brouiller avec ses amis et ensuite tout le monde doit se faire la gueule, et on est vachement triste, ouin. Parce qu'il est obligatoire d'insérer du drame à ce moment de l'histoire. Et puis il arrive des trucs pour qu'ensuite ils se retrouvent et soient de nouveau copains comme cochons.

- Scénario: le héros raconte un gros bobard pour avoir l'air cool envers une nana ou un groupe de gens qui vont l'admirer. Puis aux trois-quarts du film, la vérité éclate et tout le monde le déteste pour avoir menti. Comme dans le point précédent, tout le monde se fait la gueule, et le héros doit être cool "en vrai" pour se racheter. Ou assumer sa non-coolitude. Ou un truc du genre. Et ensuite ils sont de nouveau copains comme cochons.

- Comédie romantique. Le héros se brouille avec la nana vers la fin du film car il lui a caché une bizarrerie ou raconté un gros bobard, et se justifie mollement du genre "Non, je faisais peut-être semblant de tomber amoureux de toi pour un pari mais je suis tombé amoureux pour de vrai avec toi!", ou alors elle va être disproportionnellement aigrie et rageuse car c'est ce que le scénario veut. Et qu'est-ce que ça annonce? UNE COURSE-POURSUITE DELIIIIIIREUX!!! La nana part vers quelque part, genre prend l'avion, ou va faire un truc qui demande faire vite. Alors le mec doit courir, rouler, et se casser la gueule de manière hi-la-rante 36 fois sur le chemin, avec du suspense en plastique, pour qu'ensuite, un peu mal en point, il retrouve la nana pour lui faire une déclaration d'excuses hyper-romantiqueux.

Il y en a tellement que je ne peux même pas me souvenir de tous ceux qui m'agacent pour le moment... partagez donc les vôtres!

Alianna a écrit:

- Scénario: le héros raconte un gros bobard pour avoir l'air cool envers une nana ou un groupe de gens qui vont l'admirer. Puis aux trois-quarts du film, la vérité éclate et tout le monde le déteste...

..."Non, je faisais peut-être semblant de tomber amoureux de toi pour un pari mais je suis tombé amoureux pour de vrai avec toi!"

Le Retour du héros joue avec ces deux-là sans tomber dedans. Pas un film parfait, mais j'ai beaucoup aimé quand même. C'est la marque du bon scénariste, quand il te fait franchement croire que... et t'installe sur les rails d'un cliché attendu... mais en fait...


Tiens, à revoir la bande annonce, je me rends compte que c'est une sorte d'anti-Bel Ami. Le faux héros, imposteur grâce à une femme qui écrit bien, séducteur infâme, avide d'argent, mais là c'est tourné à la comédie.

... et je me rends compte que je suis hors-sujet. Hum.

Le Fossoyeur de Films a fait une excellente vidéo sur les clichés les plus énervants au cinéma : subjectif certes, mais c'est fin, drôle, érudit, et bien vu, comme toujours avec lui.

Eroica a écrit:

Le Fossoyeur de Films a fait une excellente vidéo sur les clichés les plus énervants au cinéma : subjectif certes, mais c'est fin, drôle, érudit, et bien vu, comme toujours avec lui.

Heurgh... c'est peut-être juste moi, mais je trouve que son humour était énervant même à l'époque et je suis bien content qu'il fasse moins de ces mimiques et pitreries forcées.

Sinon, le "fait anecdotique qui n'en est pas un", ça s'appelle un Fusil de Tchekhov, non?

Ben tiens, le top commentaire:

Citation :

Le cliché du menteur dévoilé : un personnage s'intègre dans un groupe par le biais d'un mensonge. Lorsque les membres du groupe le découvrent, ils se brouillent entre eux et tous broient du noir chacun de leur côté. Mais lorsque ses nouveaux amis sont en danger, le menteur revient pour les sauver, leur montrant ainsi qu'il tient véritablement à eux, que leur amitié n'est pas basée sur un mensonge et qu'il a appris à les apprécier pour ce qu'ils sont réellement.

D'ailleurs, ce cliché est très courant dans les films d'animations 3D, vous ne trouvez pas?

Grand amateur de films Fantasy, je ne supporte plus cette mode des combats de ninja karatéka épileptique qu'on nous sert à toutes les sauces.
On avait déjà Legolas se servant de son arc comme d'une mitraillette, mais dans la trilogie du Hobbit, on a l'impression que tous les combattants sont des karatékas. Les mecs en cuirasse lourde et épées à deux mains qui volent comme des trapézistes, faut arrêter…

Les poursuites en bagnoles avec ces dernières qui s'envolent, te font un triple salto à faire baver d'envie un champion du monde de patinage artistique et retombent, fracassées, et le conducteur qui en sort nickel, le brushing a peine décoiffé. Bon, quand on avait 15 ans d'accord mais y a un moment, faut arrêter aussi.

Les mecs qui volent, un flingue à chaque main, en plein carnage, dans une nuée de balles qui jaillissent de tous les côtés et qui n'en prennent aucune, retombant au sol indemnes.

Les scènes d'amour habillées. Tu vois le couple au lit, tu comprends à leur dialogue qu'ils viennent de faire l'amour et ils sont pas décoiffés, pas une goutte de sueur, les draps et le maquillage sont nickel. On voit dès la première seconde que les acteurs se sont glissés sous les draps juste avant qu'on dise "action !"
Encore plus fort quand l'un des deux se lève et porte un slip ou sa culotte et soutien-gorge… Ils viennent de faire l'amour mais ils se sont rhabillés tout de suite après… Ou la nana qui tient le drap contre sa poitrine alors que tu vois la bretelle de son soutien-gorge dans le dos... "Chérie, ça y est, j'ai joui, attends, je remets mon slip"

Voyageur Solitaire a écrit:

Les mecs qui volent, un flingue à chaque main, en plein carnage, dans une nuée de balles qui jaillissent de tous les côtés et qui n'en prennent aucune, retombant au sol indemnes.

Ou mieux encore : les bagarres au pistolet, de fenêtre à fenêtre, à découvert ... ils s'envoient des rafales - sans jamais recharger, évidemment - qui ne font jamais mouche et s'ils reçoivent une balle dans l'épaule, c'est comme si un moustique l'avait piqué.

Et puis, il y a aussi le coup du vieux maître qui va mourir mais avant de rendre l'âme, raconte sa vie et crève juste au moment où il allait faire la révélation ultime... c'est tellement devenu cliché ce truc-là, que ça en devient grotesque.

Ce qui me fait bien rire aussi, c'est de les voir tirer avec un 44 Magnum, d'un seul bras, relax... essayez juste de tirer avec un tel flingue : si vous ne positionnez pas vos deux mains correctement sur la crosse, vous allez vous envoler !

Jugez-donc du recul sur cette vidéo :

J'ai tiré avec un flingue à un stand de tir... l'engin est plus lourd qu'il en a l'air, et ça vacille avec un gros recul quand on fait feu, en effet!
Heureusement que le pétard était retenu par de gros câbles ressorts derrière une vitre pare-balles... la sécurité, c'est important.

Après si on commence à être irrité par tous les clichés du cinéma bientôt on ne pourra plus regarder grand chose. Un grand nombre de films sont du divertissement, à partir de la ils ne recherchent pas la réalité mais juste à divertir. On y peut rien c'est comme ça.

Moi ce qui m'énerve surtout c'est de voir dans tous ces films modernes, la nana hyper sexy et canon et qui se bat en mode Lara Croft en sautant dans tous les sens, c'est devenu tellement cliché qu'on y a droit à chaque film d'action, de fantasy ou de SF.

Sinon le je t'aime moi non plus, je te déteste au début, puis je t'adore, et te déteste à nouveau pour finalement t'aimer à la fin et toi aussi c'est plus qu'agaçant. Et typique des pseudos romances à deux balles.

Tous les clichés (je dis bien tous) se retrouvent inexorablement dans les films LEGO. Sauf que là, ça me fait marrer.

Alianna a écrit:

J'ai tiré avec un flingue à un stand de tir... l'engin est plus lourd qu'il en a l'air, et ça vacille avec un gros recul quand on fait feu, en effet!

La première fois que j'ai tiré avec un 44. Magnum, c'était dans un stand de tir. Avec des flics. Je devais avoir 15-16 ans. Je me rappelle, l'officier qui vient vers moi et qui me dit : "Tu veux tirer, fiston ? Tiens essaie !" et moi, tout jeune que j'étais qui fait le malin, je prends l'arme comme on voit dans les films policiers, à deux mains, tranquille et jambes écartées. Je tire... et ... mes bras qui partent en l'air et moi qui me retrouve littéralement sur le cul.

C'est là que tous les clichés que j'avais sur les films se sont envolés...

L'officier m'a alors relevé - en se foutant bien de ma gueule - et il m'a donné une vraie leçon de tir. Et c'est vrai qu'on est loin, mais alors très loin, de la manière dont on emploie une arme dans les films.

En terme de cliché, il y a surtout la structure en 15 battements de Blake Snyder, devenu le cahier des charges de tout Hollywood. Dans son manuel Save the cat, Snyder donne les minutages précis auxquels ces battements doivent survenir.

1. Opening Image. Image d’ouverture. Dès les premières minutes, le film doit nous donner le ton, l’ambiance, le genre
   
2. Theme Stated. Thème principal. Le scénariste doit ensuite placer (habilement) le thème, le message de son récit
   
3. Set-up. Mise en place. Il faut maintenant placer les éléments : contexte, décors, personnages avant de lancer l’action
   
4. Catalyst. Incident déclencheur. Un événement soudain secoue l’histoire et les personnages
   
5. Debate. Appel à l’action. Le héros, comme dans l’imagerie de Campbell hésite avant de lancer à corps perdu dans l’action.
   
6. Break into 2. Passage à l’acte 2A. C’est le point de non-retour, le héros bascule dans l’histoire, l’action, l’acte 2.
   
7. B story. Intrigue secondaire. Afin de soutenir l’attention du public, le scénariste enclenche l’intrigue secondaire (souvent une romance).
   
8. Fun & Games. Humour & Péripéties. L’action et l’intrigue est relancée par des situations, des rencontres
   
9. Midpoint. Passage à l’acte 2B. On l’appelle aussi le climax médian. Blake Snyder le définit comme la fausse victoire. Le héros pense avoir triomphé de son adversaire, mais il se trompe
   
10. Bad Guys Close in. Les méchants reviennent. C’est alors que les forces antagonistes se combinent pour contrer le héros une dernière fois
    
11. All is Lost. Tout semble perdu. Le héros pense avoir touché le fond. Il est le reflet inversé du point 9 : fausse défaite
    
12. Dark Night of the Soul. Le héros ayant chuté au plus bas, il ne peut que remonter. Il se dirige vers la lumière au milieu des ténèbres.
    
13. Break intro 3. Passage à l’acte 3. Le héros trouve enfin LA solution
    
14. Finale. Climax. Le héros écrase son antagoniste
    
15. Final Image. Image de clôture. L’épilogue nous laisse sur une dernière image, une émotion avant la tombée du rideau.
    

Je l'ai reprise d'ici.
Cet article de Slate en parle bien également : Pourquoi tous les films américains se ressemblent.

Bof, d'autant que tous les films américains ne se ressemblent pas, c'est une généralité.

Après sauf si on parle des blockbusters et autres films grands publics, mais que très rarement pour le cinéma d'horreur.

Au moins ils ressemblent à quelque chose... (je ne vise rien ou personne, ahem)

J'aime bien le schéma de Snyder, mais il a le problème de demeurer dans la structure en 3 actes, qui du coup, force le scénario à rentrer dans un moule qui ne lui convient pas forcément.
Je préfère la méthode John Truby (script doctor sur plus de 1800 films), qui dès les premières pages règle son compte à cette structure en trois actes in fine sclérosante. Sa structure est en 7 points et 22 sous-points. il précise heureusement que si les 7 points sont à peu près indispensables, les 22 sous points ne le sont pas, mais il donne entre autres l'exemple du scénario du Parrain qui remplit totalement les 22 étapes. Du coup, il peut y avoir 3 actes, mais aussi 2, 4, 5 ou plus, il n'y a plus de schéma préfabriqué.
Les 7 étapes sont :
1. Faiblesses et nécessités du héros à triompher de ces faiblesses, déclenchant automatiquement un conflit
2. Désir du héros (ne pas confondre avec les nécessités : le désir est un but extérieur à ses faiblesses)
3. Entrée de l'opposant au héros
4. Plan du héros
5. Bataille contre l'opposant
6. Epiphanie du héros, ce sont ses actes les plus durs à faire pour lui. Cela entraîne une confrontation finale avec l'opposant
7. Nouvel équilibre : le héros a changé, positivement ou négativement, ou bien revient à l'ordre initial sans avoir pu changer.

J'adore cette structure très organique qui autorise beaucoup de libertés tout en assurant un cadre qui empêche de se disperser.

Gorak a écrit:

La première fois que j'ai tiré avec un 44. Magnum...

Dagonides a écrit:

Gorak a écrit:

La première fois que j'ai tiré avec un 44. Magnum...

Et oui, Dagonides : c'est l'avantage d'être le fils d'un élu qui avait ses entrées dans la police... et être ainsi invité à participer à une séance d'entraînement au tir avec commissaires et inspecteurs.

Petit privilège de la vie que je ne regretterais jamais. Ce fut une belle expérience. Mais c'est déjà loin tout ça...

Ah, et y a aussi, ironiquement, les parodies de cliché, qui se révèlent souvent plus clichées que les clichés eux-mêmes.

Par exemple, en voilà un m'agace un peu:
Faire une "parodie de film muet" avec un filtre crasseux noir et blanc, un méchant moustachu à cape et haut-de-forme noire qui va lier une demoiselle sur des rails, et ricane en tournoyant sa moustache.

Dites-moi... QUEL film muet ça parodie? Dans QUEL film muet ce scénario arrive?

Parce que selon les recherches, aucun véritable film muet n'a fait ça (le seul exemple qu'on a trouvé qui s'en rapproche le plus est Barney Oldfield's Race for a Life, mais même celui-ci est joué de manière clairement comique et parodique).

D'ailleurs, le stéréotype du méchant habillé tout en noir, avec haut-de-forme et longue moustache pointue, était déjà parodié au tout début du 20ème siècle dans pleins de BDs, alors que le cinéma narratif existait à peine.

C'est un peu comme le "cliché" de "Le majordome est le coupable!" dans les romans policiers. Un vieux gag chez les anglo-saxons, pas assez fréquent pour être cliché, et personne n'a réussi à trouver l'origine précise de la phrase "The butler did it" qui a circulé de manière rigolarde depuis au moins le milieu du 20ème siècle.

Voyageur Solitaire a écrit:

Les poursuites en bagnoles avec ces dernières qui s'envolent, te font un triple salto à faire baver d'envie un champion du monde de patinage artistique et retombent, fracassées, et le conducteur qui en sort nickel, le brushing a peine décoiffé. Bon, quand on avait 15 ans d'accord mais y a un moment, faut arrêter aussi.

Un conseil, évite les films où il y a marqué "Luc Besson" sur l"affiche Le problème c'est que c'est du spectaculaire, et rien à côté

C'est pas pire que la série des "Taxi" (dont on n'attend rien) mais je crois qu'il a atteint le summum avec "Michel Vaillant" (dont les spectateurs fans de sport auto attendaient quand même un peu du film) : Les voitures faisaient des gerbes d'étincelles en frottant alors qu'elles sont en plastique, l'abondance de drapeaux allemands alors que c'est une voiture francaise qui gagne (les fanas de la BD étaient ravis), on voyait clairement qu'il avait utilisé des vidéos de l'édition précédente de l'épreuve, et le pire pour les puristes : sur certains plans on voit bien que les voitures roulent sur le circuit Bugatti et non pas au Mans. Il ne fallait donc pas s'attendre à un vrai film de voiture...

... heureusement pour moi que Diane Krüger suffit à mon bonheur